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Catégorie : Campagne Confédérale contre le FN
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Mis à jour : lundi 8 décembre 2014 10:23
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Nvo : Comment comprenez-vous la recrudescence de suffrages en faveur de l’extrême droite aux élections européennes ?
Pascal Debay (membre de la direction confédérale, secrétaire général de l’UD CGT de Meurthe-et-Moselle et pilote du Collectif confédéral de lutte contre l’extrême droite) : Nous sommes aujourd’hui confrontés à une nouvelle étape dans le discours de l’extrême droite et dans la façon dont ce discours est reçu par les citoyens qui vont voter. Lors de précédents scrutins, un certain nombre de signes annonçaient déjà le résultat que l’on connaît. Lorsqu’on est syndicaliste, que l’on échange avec les salariés, qu’on écoute ce qui se dit, mais aussi ce qui ne se dit pas, on voit bien qu’il s’agit là d’une séquence nouvelle où le Front national est en train de s’ancrer, de devenir un parti politique de premier plan malgré nos efforts et nos luttes pour l’éviter. C’est le cas dans ma région comme dans bien d’autres bassins d’emplois ouvriers, ruraux, sinistrés, avec un fort taux de chômage et de pauvreté. Plus largement, ce vote s’inscrit dans un contexte européen d’austérité, d’offre politique nationale décevante et de décennies de renoncements, de trahisons, de distorsions entre les discours et les actes. Dans le même temps, le libéralisme est monté en puissance et a impacté la structuration de la société, des services publics, du vivre-ensemble avec un aspect immuablement central, celui de l’immigration. Autant d’éléments qui ont poussé certains électeurs vers Marine Le Pen et le FN dont Florian Philippot est le vice-président, un homme cultivé, poli, formé, sachant communiquer et, bien qu’il s’en défende, qui connaît très bien les modes de fonctionnement des arcanes politiques, des appareils et des réseaux. Aussi, selon moi, l’histoire du FN inaugure une nouvelle étape qui heurte, ne surprend pas, mais risque de durer.
Dominique Vidal (est journaliste, historien et auteur du livre Le ventre est encore fécond, les nouvelles extrêmes droites européennes éditions Libertalia, 2012) :S’il est vrai que le vote FN comporte des dimensions spécifiques liées à la réalité économique, politique, sociale ou idéologique de notre pays, cette percée s’intègre dans une vague européenne. À l’échelle du continent, les forces d’extrême droite frôlent ou dépassent 10 % des voix dans quinze pays, dont six où elles dépassent 20 %, jusqu’à presque 30 % en Suisse. Le cas de la France n’est donc pas un phénomène isolé. D’autant – et c’est la nouveauté de ce scrutin – que l’extrême droite bénéficie du renfort de forces europhobes qui ont fait un malheur, notamment en Grande-Bretagne, où l’UKIP est arrivé en tête. Il faut aussi noter des scores non négligeables compte tenu des contextes, comme en Allemagne, avec 7 % de voix en dehors des grands partis ou en Pologne, avec un KNP néofasciste à plus de 7 % des voix. Pour éclairer la situation, je relèverai six points communs à tous les pays européens.
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