Et voilà...

Communiqué collectif syndicat Cgt Hop !

Le 6 mars dernier, la CGT HOP ! déclenchait le processus de conflit. Héritage « social » de la fusion entre les trois compagnies Airlinair, Britair et Régional, le processus dit de « veille sociale » en vigueur dans la compagnie Bretonne était censé donner aux partenaires sociaux, le temps de négocier avant un éventuel mouvement de grève.

C'est une forme « d'obligation à négocier » qui, il faut bien le dire, à totalement disparu dans le transport aérien du fait de la loi Diard, en effet, l'obligation faite par cette loi aux grévistes de se déclarer 48 heures avant de cesser le travail, devait servir à permettre l'ouverture de négociations. Or, la réalité est bien autre, et ces 48 heures sont seulement mises à profit pour déployer des dispositifs de remplacement des salariés en grève.

Le dispositif de « veille sociale » prévoit donc, deux réunions entre les Organisations Syndicales qui sont à l'origine de la mise en œuvre du cette procédure, la CGT HOP ! et l'UNAC, dans le cas qui nous concerne aujourd'hui, et la direction.

Ces réunions se sont tenues, la seconde lundi dernier.

Nous ne pouvons que constater, avec regrets d'ailleurs, que la direction ne répond à aucune de nos revendications.

Ah si, il faut reconnaître, concernant l'activité de la compagnie : « nous vous garantissons 70 charges (avions, pour faire simple) pour le programme hiver 2017...si nous avons les pilotes ».

Il vaut mieux en rire, car c'est bien le sujet principal sur lequel nous avons interpellé la direction depuis le début de cette « hémorragie » de chauffeurs d'avion vers Air France, notre propriétaire.

Je rappelle, pour ceux qui n'auraient pas lu nos dernières publications, les revendications de la CGT HOP ! :

  • Définition d'un périmètre d'activité de la compagnie HOP ! au sein du groupe Air
    France
  • Présentation d'un business plan.
  • Devenir du secteur Turbo-propulseur
  • Mesures concrètes concernant l'amélioration des conditions de travail et la
    gestion des RPS
  • Négociation des futurs accords collectifs dans une véritable démarche
    d'harmonisation sociale

En fait, tous les points découlent du premier !

Quelle est la place de HOP ! dans le groupe Air France.

La main-mise d'Air France

Pour les salariés des trois ex compagnies, Airlinair, Britair, Régional cela fait plus de 10 ans que « ça dure » !

10 ans de déclarations d'intentions, pour arriver à cette fusion, que je juge, ratée.

En fait, Air France ne s'occupe de ses filiales que lorsqu'elle y trouve SON intérêt, et seulement le sien.

C'est une tradition des dirigeants, des cadres et des syndicats de cette compagnie : « seuls nos intérêts comptent ».

Ainsi quand l'activité à Toulouse et à Marseille fut reprise par Air France, Régional fut tout simplement retiré de ses bases et les compensations financières accordées furent loin, mais alors très loin de combler les pertes d'exploitation de la filiale.

« Nous offrons des postes de PNC à celles de vos hôtesses qui souhaitent rester chez elles à Marseille et à Toulouse…. Naturellement, elles passeront les sélections et seront incorporées sans aucune ancienneté ». « Vous comprenez la chance et l'honneur que nous leur faisons d'incorporer la compagnie nationale, quand même »

En fait, la vérité, c'est que le plan « base province » initié par les dirigeants de cette compagnie, se trouvait contrecarré par le manque de volontaires chez les PNC d'Air France, la modification de leurs conditions de travail qu’entraînait cette mutation n'attirant pas les « masses ».

Air France ne faisait donc de cadeau à personne, les organisateurs de ce plan avaient simplement besoin de monde pour lancer la première de leur base... Marseille.

Une fois que le bouche à oreille eut fonctionné, et que les effectifs furent au complet, personne n'avait plus besoin des Toulousain(e)s de Régional qui avaient pourtant réussit les sélections. Elles attendent toujours...

Pendant des années, Air France s'est servit des filiales pour, soit « défricher » des lignes, soit les faire effectuer en affrètement à des coûts tels, qu'ils mettaient en danger la survie économique des entreprises.

Les dirigeants, les cadres, les Syndicats d'Air France dirigent et tentent de sauver Air France, le reste (les filiales) ne sont que des faire-valoir et cela fait bien longtemps que cela dure....

Air France manque de pilotes :

Aujourd'hui, c'est des pilotes dont Air France à besoin.

Une fois de plus, (encore), c'est au manque d'anticipation des cadres dirigeants que nous devons cette situation. Ces mêmes cadres dirigeants qui étaient capables de dire à la veille de la décennie « les low-cost ? Pffff, ce n'est qu'un épiphénomène ». Ben l'épi, effectivement, il est phénoménal !

Rassurez vous, en excellents politiciens-technocrates, ils vous expliquent avec le même aplomb frisant la plus totale mauvaise foi, qu'en fait, vous n'avez rien compris, le marché évolue, à l'époque cela était vrai... etc. etc. Ils n'auront de toutes façons jamais tord !

Donc, il manque des pilotes chez Air France de part un manque total d'anticipation des besoins par ses dirigeants. « Qu'à cela ne tienne ! On va leur refaire le coup des bases provinces, et comme en plus, les chauffeurs d'avion ne rêvent que d'une chose, voler sur des avions toujours plus gros, nous ne risquons pas de manquer de volontaires... signons donc un accord avec le SNPL et notre manque de prévoyance paraîtra une excellente mesure de carrière de salariés des filiales ».

Accord signé, l’hémorragie débute. Les conséquences n'ont pas tardé à se faire sentir.

Plus de pilotes pour les avions de HOP !

Déjà extrêmement fragilisée par une fusion précipitée, l'exploitation de cette toute nouvelle compagnie se retrouve gravement affectée.

La flotte diminue, diminue encore. Alors que la direction d'Air France jure ses grands dieux que nous sommes « un maillon essentiel » dans les plans sur l'avenir du court courrier d'Air France, il faut bien se rendre à l'évidence, si les un peu plus de 3000 salariés après fusion correspondent à une flotte de 75 charges, ce niveau ne pourra bientôt plus être maintenu...

Tout ça pour ça !

Voilà... un an d'effort, un an de sacrifice, de pleurs, pour certaines, de véritables drames humains provoqués par les mobilités professionnelles et géographiques, et tout cela remis en cause parce Air France à besoin de Pilotes !

C'est quand même formidable : Air France est à l'origine de la fusion (on ne me ferra jamais croire qu'une telle décision ait pu être prise au seul niveau de la direction de l'ex holding HOP !...), Air France est donc responsable pour partie de ce que nous subissons aujourd'hui et c'est Air France qui est en train de « dynamiter » ce qu'elle a créé.

On marche sur la tête !

Tout cela pousserait plutôt à la rigolade, si des vies de femmes et d'homme n'étaient très largement, au minimum, perturbées.

Accords collectifs, RPS, fin de secteurs, maintien de la flotte : tout ces problèmes ont la même origine ! Tout, en fait, découle directement de notre place au sein de groupe Air France.

Pourquoi se mobiliser seulement sur les discussions en cours concernant nos accords collectifs, alors que même l'avenir de l'entreprise en en jeu.

C'est la raison qui a fait que la CGT HOP ! et l'UNAC ont déclenché ce processus de veille sociale.

Une direction perdue

Il ne faut pas s'étonner de voir la direction de HOP ! bien incapable d'apporter la moindre réponse concrète à nos questions.

Nous y avons été habitués par la passé : les directions des filiales ne dirigent pas, elles sont aux ordres. Même si je leur accorde, par naïveté sûrement, au moins la volonté d'essayer, la décision finale appartient à la maison mère.

« Normal » me direz vous.

Certes, quand cela obéit à une certaine logique. Quand on « s'emmanche » dans la création d'une nouvelle compagnie, et que, dans le même temps, on lui enlève ses « bras », il faudra quand même m'expliquer la logique commerciale et opérationnelle de la manœuvre.

Il semble bien que les partisans de Transavia aient réussi à faire valoir leur thèse. En effet, c'est bien à cette compagnie que la direction d'AF souhaite transférer une partie de l'activité court et moyen courrier. Le projet de la voir opérer sur le réseau domestique est ancien, il avait été baptisé du doux nom de « Mimosas » et prévoyait le développement à partir de bases en province (et oui...) de lignes effectuées par cette soit disant low-cost.

Je dis « soit-disant » car cette compagnie n'a rien en fait d'une compagnie à bas coûts. Elle vit ses coûts au siège-kilomètre-offert (CSKO) très sensiblement impactés quand il fallut, après un accord avec le SNPL d'Air France, intégrer des pilotes d'Air France aux salaires d'Air France. Il y a deux jours, la presse relatait également l'augmentation générale des salaires des PNT de cette compagnie pour les amener, tous, au niveau de ceux de la compagnie mère.

Quelle logique commerciale et économique !

Tandis que l'on demande à l'ensemble des salariés du groupe des efforts, à grand coûts d'accords « réduction des coûts » (que certains par une naïveté coupable s'empressent de signer, imposant par là, des mesures d'économie totalement injustifiées aux moins bien lotis), on lâche des augmentations salariales aux seuls pilotes d'une compagnie qui n'a jamais, jamais gagné d'argent.

La précision est d'importance !

Des cadeaux au SNPL d'Air France et un avenir sombre pour le reste ! (PNC compris, ce qui est quand même formidable pour des gens travaillant, en fait, dans le même avion...).

Appel à la grève :

Cet exposé un peu long pour annoncer un échec, car la grève est un échec et je n'ai, personnellement, aucun plaisir à appeler les salariés à cesser le travail.

Pourtant, je vous assure que nous ne voyons aucun dénouement positif à la situation que vivent les hommes et les femmes de la compagnie.

Nous pensons qu'il y a une absolue nécessité à ce que les salariés de HOP ! montrent, enfin, leur colère devant ce monumental gâchis.

La CGT HOP !, l'UNAC et, je l'ai appris dans la journée, la CFDT et le SAC (mieux vaut tard que jamais), appellent l'ensemble des salariés de la compagnie à se mobiliser les 7 et 8 avril 2017.

Nous ne pouvons rester simples spectateurs de décisions qui mettent en jeu notre avenir !

Ne rien faire c'est accepter !