Des larmes de crocodiles suite aux morts de la RCEA

Communiqué de presse du secteur fédéral CGT des Cheminots Auvergne-Nivernais

Accident meurtrier sur la RCEA du 24 Mars 2016

La CGT cheminots n’a pas souhaité réagir à chaud à cet épisode tragique qui a endeuillé une fois encore la « route de la mort ». Passé le temps de l’émotion et du recueillement, ce que n’ont pas su faire les responsables politiques, il est temps de dire les vérités qui fâchent.

Alors que les morts ne se comptent plus sur les routes Françaises et notamment sur la RCEA, les « politiques » de tous bords versent des larmes de crocodile en restant à côté des vrais enjeux, en toute connaissance de cause.

D’emblée, la CGT cheminots affirme que la mise en 2x2 voies de la RCEA garantirait une meilleure sécurité. Cependant, les très mauvais choix effectués dans les priorités d’investissements, selon les différents modes de transport, ont des conséquences désastreuses que peu de monde pointe vraiment.

Par conséquent, nous avons le devoir de formuler certaines remarques, ce que personne n’a eu le courage ni la lucidité de faire. La première étant de dire que le nouvel accident à déplorer a encore une fois impliqué un poids lourd. Ce n’est pas une surprise et pourtant cela n’amène pas aux conclusions évidentes que nous serions en droit d’attendre.

Une fois de plus, aucun responsable n’a souhaité insister sur le fait que l’immense majorité des accidents graves et mortels sur nos routes, et en particulier sur la RCEA, met en cause des camions. Au-delà du fait qu’ils sont souvent impliqués, ces derniers sont un facteur déterminant dans le niveau de gravité des accidents et leur bilan humain.

Il n’y a qu’à demander aux professionnels de la route ce qu’ils en pensent, comme la gendarmerie nationale, qui fut bien seule à le pointer à plusieurs occasions. Et même de préciser à juste titre que le danger principal de la RCEA ne vient pas d’abord du nombre de voies de circulation mais plutôt du type de véhicule qui l’emprunte.

La CGT tient à faire remarquer que cet axe routier majeur reliant la façade Atlantique au reste de l’Europe, longe de bout en bout des voies ferrées. Particulièrement sur les tronçons dangereux, le ferroviaire aurait dû être à l’évidence le mode de déplacement naturel des marchandises en lieu et place des camions pollueurs, toujours plus dangereux et  qui détruisent les infrastructures routières sans payer ni leur entretien ni leur construction.

Si les politiques locales et nationales menées avaient été différentes en matière de choix du mode de transport, nul doute que le compteur des blessés et des morts serait nettement moins haut.

Dans les années 1950 déjà, l’association « Tracé » basée à Montluçon, énonçait le même constat et faisait les mêmes propositions pour le passage urgent des marchandises sur le rail comme première mesure prioritaire et immédiatement réalisable, avant d’achever ensuite la sécurisation de la RCEA.

Hier comme aujourd’hui, ce choix structurant, responsable et de long terme serait véritablement le seul choix sérieux apte à organiser efficacement et en sécurité les flux de déplacement à destination du cœur de l’Europe et qui transitent par le centre de la France.

Les élus successivement en responsabilité sont coupables de n’avoir strictement rien fait en ce sens et d’avoir privilégié les calculs politiciens et les chamailleries hypocrites pendant que les citoyens de l’Allier comptent les morts.

Au-delà de l’Allier, ils sont coupables depuis des décennies de l’augmentation sans fin du transport par la route des marchandises et des passagers en ayant méthodiquement cassé le service public SNCF qui aurait pu et peu encore répondre aux enjeux du moment.

La CGT cheminots est totalement disponible pour évoquer tous ces sujets et avancer ses propositions alternatives au tout routier afin de répondre sur le long terme aux enjeux d’aménagement du territoire, de développement économique, de sécurité et de respect de l’environnement.

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