Le « Bastion Social » veut s'implanter à Clermont-Ferrand

Communiqué Collectif Jeunes, Ud Cgt 63, 09 juillet 2018

Le 14 juillet prochain, quelques dizaines de fascistes se réuniront rue de la Treille pour inaugurer leur premier local à Clermont-Ferrand. Si cela présente un danger évident pour les habitants et commerçants du quartier qui devront vivre au quotidien avec un bar fasciste près de chez eux, cette implantation fait aussi peser le risque de menaces et d'agression physique sur les personnes habituellement ciblées par l'extrême-droite : celles n'ayant pas la bonne couleur de peau, la bonne orientation sexuelle, la bonne religion ou la bonne orientation politique à leurs yeux.

La violence des militants du Bastion Social se ressent dans toutes les villes où ils ont réussi à implanter un local : à Aix-en-Provence, un militant a été condamné pour avoir agressé un couple d'origine maghrébine le 26 mai dernier ; à Marseille le 27 avril, il s'étaient mis à huit pour tabasser un gendarme et son ami d'origine guadeloupéenne ; à Lyon le 11 avril, ils étaient une vingtaine dont Steven Bissuel, leader du Bastion Social (qui sera d'ailleurs présent à Clermont-Ferrand le 14), à opérer une descente lors d'un concert revendiquant « No racism, no sexism, no fascism » et la liste est encore longue. Une UL Cgt de Lyon a également été détériorée début juin.

Néanmoins, le Bastion Social veille à cacher sa violence derrière un discours et des pratiques trompeuses. Selon ce même Steven Bissuel, « le terme social [dans Bastion Social] fait référence au combat que nous menons pour défendre les Français dans le besoin ». C'est dans le cadre de cette stratégie que ses militants se mettent en scène entrain de donner un repas chaud à « Robert, SDF français » et à d'autres, puis à diffuser une photo de ce moment sur leur compte Twitter.

Une de leurs affiches est un bon exemple de leurs pratiques proclamées : on peut y lire « Les nôtres avant les autres ! Vous avez besoin d'un logement, de nourriture et/ou de vêtements, d'aide administrative, vous êtes en voie d'expulsion de votre logement… Contactez-nous ».

On voit ainsi que cette frange du fascisme ne souhaite pas se présenter comme une bande d'activistes dangereux, mais comme des humanistes serviables. C'est un élément important à prendre en compte, car lier sa vitrine d'actions « bienfaitrices » à un lieu associatif local suit un double objectif : normaliser son discours auprès de la population, et recruter de nouveaux membres qui n'auraient pas été attirés par des actions violentes.

Comme le Bastion Social se revendique du « Nationalisme Révolutionnaire », l'historien spécialiste de l'extrême droite Nicolas Lebourg l'inscrit comme héritier du fascisme de 1919 : « Un fascisme social subversif, avec une dimension antibourgeoise ». Selon lui, il faut comprendre que le BS se voit lui-même comme « l'extrême-gauche de l'extrême-droite » et se considère réellement comme une organisation politique à même d'apporter un progrès social et transformation de la société.

Si leur fantasme de « fascisme social » peut nous sembler bien ridicule, il doit attirer notre attention sur le fait que le Bastion Social a vocation à proposer un discours concurrent à celui du syndicalisme. Dans ce moment politique catastrophique où ce dernier a des difficultés à convaincre les travailleurs de sa capacité à porter les conquêtes sociales, on peut tout à fait craindre que ce discours réussisse à rencontrer l'intérêt des jeunes travailleurs déclassés et précarisés.

C'est pourquoi la réponse de la CGT à cette émanation moderne du fascisme doit être avant tout politique, sans se limiter à une juste mais insuffisante condamnation morale de la violence. C'est en proposant un contre-discours fort et combatif et en s'appliquant à dévoiler leurs impostures que nous pourrons cantonner durablement le Bastion Social au rôle de groupuscule marginal et clandestin.

En attendant la suite de cette réflexion, l'UD CGT 63 appelle tou-te-s ses militant-e-s à être présent-e-s lors de la manifestation contre l'ouverture du Bastion Social qui se déroulera le jeudi 12 juillet à 18h devant la préfecture.