Et 1, et 2, et 3 conférences sociales !!!

Ce n’est plus un scoop, le Président Hollande et son gouvernement organisent, pour le 3ème été depuis l’élection de mai 2012, une grande conférence sociale.

S’il faut se rappeler que les deux premières éditions ont permis au gouvernement de mettre autour de la table les représentants du patronat et ceux des salariés, il ne faut surtout pas oublier que ce genre de “dialogue social” a surtout donné l’occasion au premier de transformer leurs rêves en réalités.

Voilà comment ça va se passer :

→ Des tables rondes avec des sujets “politiques” pour trouver des solutions aux problématiques d’emploi et de sortie de crise. Bien évidemment sur fond de compétitivité, de coût du travail, de simplification du code du travail.

→ Des conclusions du gouvernement qui appellent l’ouverture de négociations entre es organisations “dites” représentatives.

→ Des négociations réelles, mais à partir des textes de l’organisation de Mme PARISOT et Mr GATTAZ… et surtout un jeu de dupes, avec la complicité “évidente” d’organisations syndicales qui affichent “clairement” leur soutien à la majorité politique actuelle.

 

Et voilà que ça va recommencer, dans le processus et dans la finalité.

 

Au menu de cette grande mascarade, 7 tables rondes qui doivent construire le contenu et le rythme de l’agenda “antisocial” des prochains mois :

- Amplification des actions en faveur de l’emploi

- Ecole et insertion professionnelle des jeunes

- Pouvoir d’achat, rémunérations et épargne salariale

- Rénovation de la politique de santé

- Accompagnement des réformes territoriales par le dialogue social

- Croissance et emploi en Europe

- Accélérer le retour à la croissance par l’investissement.

 

A lire les intitulés, on pourrait croire que nos propositions seraient entendues. Que nenni. Mais nous sommes persuadés que les signataires de l’ANI de 2013, de la convention UNEDIC ou autres textes de reculs vont encore (sciemment) tomber dans le panneau, prônant ouvertement aujourd’hui ce foutu dialogue social, plutôt que la confrontation et la mobilisation porteuse des exigences des salariés.



Pour ne pas laisser faire sans agir, c’est dans ce sens que la journée d’action du 26 juin doit permettre de dire STOP et faire en sorte que d’autres choix soient pris en compte, lors de la conférence sociale et après.

 

Lundi 16 juin, une “rencontre de méthode” s’est tenue. Voici quelques propos de Manuel VALLS dans son introduction :

“... je souhaite avoir un dialogue franc et direct avec vous. … cela veut dire mesurer le poids de la crise économique et sociale qui traverse notre pays. Cette crise produit une angoisse profonde chez nos concitoyens quant à leur futur. Elle provoque les tensions sociales, aussi bien que repli sur soi, la désespérance et – on l’a vu dans les urnes – le rejet de l’autre.

C’est une situation dont nous devons tous – politiques et acteurs sociaux – mesurer la gravité. Pas simplement pour le déplorer mais pour y faire face et y répondre, parce que c’est notre responsabilité, notre responsabilité collective. J’insiste sur ces deux mots de "responsabilité" et de "collective".

La responsabilité, c’est celle du Gouvernement à partir du cap fixé par le président de la République. C’est le programme que j’ai présenté au Parlement lors de mon discours de politique générale. C’est le sens du Pacte de responsabilité et de solidarité qui se traduit aujourd’hui dans les textes qui seront débattus au Parlement au cours des prochaines semaines. Des choix clairs de baisse progressive du coût du travail et de la fiscalité pour les entreprises et de soutien au pouvoir d’achat des plus modestes pour développer l’emploi et soutenir l’investissement et la croissance.

Je sais que sur le Pacte, vous n’êtes vous-mêmes pas unanimes. Certains s’y engagent, d’autres sont plus critiques. Mais la situation du pays comme l’attente de nos concitoyens nous commandent de dépasser ces tensions…”

La Grande Conférence sociale, ce ne doit pas être "la grande kermesse du social" comme se plaisent à l’appeler certains observateurs pourfendeurs du dialogue social. Ce n’est pas le lieu d’un "consensus mou", de la recherche du plus petit dénominateur commun.

Ce doit être un moment où se discutent, se préparent, se décident les actions communes qui doivent nous réunir autour d’un objectif central : gagner la bataille pour l’emploi. Et pour cela réformer, inventer les solutions, en privilégiant la voie du dialogue social, parce que nous pensons tous autour de cette table que c’est la voie la plus efficace, la plus durable, la plus "apaisée", celle qui garantit un équilibre : à nous tous d’en faire la démonstration ! Et pour cela il faut des acteurs qui s’engagent !”

“...La feuille de route qui sortira de la Grande conférence, qui engage le Gouvernement et constitue le fil directeur de nos travaux communs de l’année, devra en être la traduction.“

Et quelques mots de l’intervention du Ministre du Travail F. REBSAMEN : (lire l’intégralité sur le site du Ministère du travail)

“...Vous pourrez également à cette occasion faire part de vos positions et attentes sur la négociation interprofessionnelle qui va s’ouvrir à la rentrée sur la modernisation et la qualité du dialogue social. Sur la base de ces échanges et de ceux qui se poursuivront entre nous j’ai l’intention de vous adresser d’ici la fin juillet un document d’orientation fixant le cadre et la temporalité de cette négociation…”

“Les 7 tables-rondes que je vais vous présenter devront permettre, sur chacune des thématiques, de préparer les conclusions de la feuille de route. Le temps de travail sera plus réduit que les années précédentes, sur une seule demi-journée au lieu de deux. Il importera donc d’avoir une bonne préparation en amont et une animation tournée vers les points de sortie.”

“...le Premier ministre livrera dans son discours de clôture les points clés de la feuille de route que le gouvernement tirera de la grande conférence sociale. Cette feuille de route structurera la prochaine année de réformes et de dialogue social…”

Voilà voilà… et il y a de fortes chances que cette feuille de route soit déjà rédigée, avant les échanges stériles de cette funeste conférence.

 

Il reste possible de ne pas s’y rendre, au risque de nous faire passer encore ceux qui ne veulent pas discuter.

Il est possible d’y aller, de dire ce qu’on a à dire… et de lever le camp.

Il est enfin possible d’y participer jusqu’au bout, aussi pour entendre et juger le comportement des uns et des autres.

Et il est sûr, en tous cas, que “c’est pas à Matignon, c’est pas dans les salons… qu’on obtiendra satisfaction. Une seule solution, la mobilisation”.