Revendications des Pompiers du Puy de Dôme

Lettre aux Pompiers de l’Intersyndicale CGT – FO – FA, du Service Départemental d’Incendie et de Secours (SDIS) 63 

Nous nous adressons à vous en tant que représentants du personnel mais surtout en tant que collègues de travail dans un service public.

Un préavis de grève à compter du 30 avril à 7h jusqu'au 1er juillet à 7h a été déposé hier par l'intersyndicale CGT, FA, SNSPP.

Pourquoi en sommes nous arrivés là ?

Le SDIS 63, comme les autres collectivités, est financé par de l'argent public provenant de l'État, du département et des communes.

Austérité oblige, les dotations de l'État sont en baisse constante depuis des années, donc les dotations pour le budget du SDIS également alors que la demande de Service Public de la part de nos concitoyens explose.

Dotations en baisse et surtout gestion calamiteuse par la direction du SDIS 63 nous conduisent à une situation inédite et dramatique au sein de notre collectivité. Résultat, le SDIS 63 veille au maintien d'une image idyllique en masquant voire favorisant des dysfonctionnements quotidiens.

Nous vivons au quotidien ces nombreux dysfonctionnements qui s'accentuent de mois en mois et qui dégradent nos conditions de travail et la qualité du service rendu à la population.

Quelques exemples:

  • Non remplacement de certains postes dans les services - 26 postes gelés.
  • Non remplacement de plusieurs départs au service bâtimentaire alors que la charge de travail ne diminue pas.
  • Signature d'une convention entre le SDIS et le département concernant une mutualisation  des services patrimoine immobilier et juridique assurances sans aucune concertation avec les représentants du personnel.
  • Service marchés publics fonctionnant avec 2 agents au lieu de 4 auparavant.
  • Attribution de la Nouvelle Bonification Indiciaires aux Personnels Administratifs Techniques et Spécialisés de façon discriminatoire.
  • Blocage de l'avancement des agents par non anticipation des réformes et par volonté politique.
  • Sous évaluation des besoins en Sapeurs Pompiers Professionnels dans les centres de secours (Potentiel Opérationnel Journalier non adapté à la demande opérationnelle).
  • Emploi de personnels retraités pour effectuer des missions au sein du groupement formation.
  • Pression sur  les agents Sapeurs Pompiers Professionnels d'utiliser le double statut Sapeurs Pompiers Professionnels / Sapeurs Pompiers Volontaires pour leurs formations dans le but de masquer les manques d'effectifs.
  • Pas d'équité entre les personnels, manifestement la direction a la volonté de diviser le personnel par une organisation différente sur tous les centres.
  • Non respect de la loi concernant l'entretien et le lavage des tenues de travail (revendication qui date de plus de 10 ans).
  • Sur certains secteurs du département, les délais d'arrivée sur les lieux pour les secours dépassent les 40 mn à certains moments de la journée.
  • Mise en place d'un bricolage de « départ complété » pour camoufler le manque évident de moyens humains sur des secteurs précis et signalés comme tel depuis des années par les organisations syndicales à la direction.
  • Certains centres volontaires ont une sollicitation telle que les Sapeurs Pompiers Volontaires ont du mal à y répondre et la seule réponse proposée est de mettre ceux ci en garde postée en journée 2 fois par semaine en test sur un seul centre. Aujourd'hui le SDIS est devenu M. Bricolage en moins efficace.
  • Retard important de modernisation informatique au plan prévu (renouvellement des postes sur 9 ans au lieu de 3 ans) entrainant des logiciels vétustes, cartographie dépassée et incompatible, service informatique n'ayant pas les moyens à la hauteur des missions.
  • Chaque année, entre 1M et 1,5M d'euros ne sont pas utilisés dans le budget de fonctionnement alors que les besoins dans les services existent.
  • Gel du point d'indice depuis 2010, non réévaluation de certaines primes (iat...) et blocage d'avancement entrainent une perte de pouvoir d'achat importante (très impactant pour les petits salaires) ainsi qu'un sentiment de non reconnaissance du travail effectué.
  • Non prise en charge des tickets restaurants par l'employeur mais par le COS ce qui pénalise le budget de celui-ci.
  • Politique bâtimentaire catastrophique et clientéliste (à une époque) qui a eu pour conséquence d'oublier l'intérêt général. Les agents entretiennent les structures en gros œuvre, même pour les bâtiments récents. La direction fait l'économie de chantier, et n'ouvre pas les procédures des assurances de garantie décennale pourtant contractées.
  • Aucune anticipation sur le remplacement des départs en retraite des Sapeurs Pompiers Professionnels en équipe (130 d'ici 2030), proposition de 15 recrutements sur 4 ans. On croit rêver !
  • Application des lois à la convenance du SDIS (NBI, équivalence des gardes...), tentative d'enfumage en faisant signer des arrêtés à certains agents contre leur intérêt.
  • Non suivi de la réglementation sur les listes d'avancement du personnel Sapeurs Pompiers Professionnels et Personnels Administratifs Techniques et Spécialisés.
  • Atelier mécanique fonctionnant avec 6 agents pour 800 cartes grises.
  • Management du personnel non adapté (arrêts de travail, suivi psychologique, RPS importants).
  • Temps de formation insuffisant au regard de l'évolution des missions. Idem pour les spécialités avec des conséquences potentiellement dramatiques pour les intervenants comme pour les victimes (lettres de mise en garde et de démission de certains agents non suivis d'effet).
  • Ignorance de la part de la direction des propositions faites dans les groupes de travail mis en place à la suite d'un mois de grève en décembre 2015. La direction expérimente sans la consultation des groupes de travail sur le site d'Ambert. Pour information, la présentation du Potentiel Opérationnel Journalier par un vice président au CA a été volontairement tronquée pour n'afficher que le positif.
  • À ceci s'ajoute la mascarade du dialogue social de la direction qui ne sert qu'à discréditer les organisations syndicales auprès de nos collègues.
  • Notre profession étant particulièrement à risque, la direction aurait dû établir depuis longtemps conformément à la loi, le document unique prenant en compte les difficultés de notre métier. En conséquent il n'y a aucune décision de prise en matière de protection, de pénibilité et compensation.

Vous voyez que les problèmes et les revendications qui en découlent ne manquent pas. La liste est longue et nous avons certainement oublié des choses.

Vous comprendrez aisément qu'aujourd'hui la question n'est plus pourquoi faire grève mais y a-t- il une raison de ne pas faire grève ?

Ceux qui luttent ne sont pas sûrs de gagner mais ceux qui ne luttent pas ont déjà perdu.

L'Intersyndicale

PS : L'entrevue du 27 avril a été encore une fois la preuve de la volonté d'enfumage de la part de la direction:

  • Aucune avancée sur les revendications mais un aveu de détournement d'au moins 200.000 euros par le SDIS en ce qui concerne l'attribution de la NBI aux agents depuis 2006. Chacun pourra en juger par lui-même…