Expression du syndicat CGT Vinci-Airports de Clermont-Fd

Dans le cadre du Comité Syndical qui a eu lieu dans les locaux de l’aéroport de Clermont-Ferrand Auvergne le vendredi 25 novembre 2016, le syndicat CGT Vinci-Airports de Clermont-Fd apporte ces quelques informations concernant la situation sociale actuelle dans le transport aérien. 

Sur le plan local :

Il est de plus en plus constaté que les nouveaux modes de management au sein de la concession aéroportuaire de Clermont-Ferrand-Auvergne dirigée par la SEACFA, filiale de Vinci-Airports, passent par la pression et la répression. Les taux d'absentéisme maladie augmentent drastiquement au fur et à mesure des licenciements et autres incitations à la démission.

Année 2012 :   102 CDI, 7 CDD,   Absentéisme Maladie : 4.06%

Année 2013 :   100 CDI, 6 CDD,   Absentéisme Maladie : 3.67%

Année 2014 :   99 CDI,   5 CDD,   Absentéisme Maladie : 5.48%

Année 2015 :   101 CDI,  8 CDD,   Absentéisme Maladie : 6.39%

Année 2016 :   99 CDI,    9 CDD,   Absentéisme Maladie : 10.99%  (en 8 mois)

De plus, la stratégie développée consiste à remplacer des salariés expérimentés et hautement qualifiés par des emplois précaires (CDD et Interim), formés à la « va-vite » en e-learning et lâchés sur le tarmac avec peu ou aucune base de connaissances des dangers du transport aérien. En ne conservant qu'un noyau dur composé d'agents triés sur le volet, les nouvelles organisations de travail s'appuient sur le développement de la polyvalence à tout-va, imposant aux salariés des cadences et des rythmes de travail de plus en plus contraignants. La perte des maîtrises de compétences est un facteur de risque important dans le domaine du transport aérien.

Le nouveau Terminal Affaire (entièrement financé par Vinci selon des propos tenus en Comité d’Entreprise) devait permettre de créer une dizaine d’emplois. Au bout du compte, aucun emploi n’a été créé. Pire encore, ce sont des services du Pôle Exploitation (passage & piste) qui ont vu leurs effectifs se réduire pour faire fonctionner le TA.

Sur le plan régional :

En parallèle, il est légitime de s’inquiéter des conséquences de la fusion des Régions, et ce qu’impliquera en termes d’emplois, le passage du 1er aéroport Auvergnat à celui de 2ème, voir 3ème aéroport de la nouvelle Région Rhône Alpes Auvergne.

Officiel depuis le 28 octobre 2016, Vinci-Airports vient de remporter les 60% de part du capital des Aéroports De Lyon (ADL) et en devient l'actionnaire majoritaire jusqu'en 2047 avec la Caisse des Dépôts et Crédit Agricole Assurances. La proximité des ADL et la « mutualisation des moyens » auront assurément des conséquences néfastes sur l’emploi, si ce n'est le risque accru de conflits d'intérêts en termes de développements des lignes aériennes. Le communiqué de presse en annexe en atteste bien nos préoccupations.

Il est d’ores et déjà important de souligner que pour les 10 premiers mois de 2016, la plateforme Lyonnaise enregistre une progression de 9% de passagers, tandis que Clermont chute de 6%. Il y a donc bien un report des voyageurs de Clermont sur Lyon. L’infrastructure autoroutière 100% Vinci reliant Clermont à Lyon laisse là encore présager un avenir, certes bénéfique pour le groupe du CAC 40, mais plutôt sombre pour les salariés et pour le nombre de lignes aériennes au départ de Clermont Ferrand.

Nous souhaitons que cet outil, nécessaire au désenclavement de notre Région et au développement de l’activité économique et touristique, ne devienne pas un aéroport de délestage, au mépris des usagers, mais aussi des salariés et de leurs conditions de travail, de l’emploi en général. Attention à ce que la Délégation de Service Public ne devienne pas de la Dégradation du Service Public.

Sur le plan national :

Le rapport de la cour des comptes sur « L’état et la compétitivité du transport aérien », daté de septembre 2016, s’inscrit dans la continuité du rapport Leroux. En écartant d’emblée le rôle que peut jouer l’Etat dans les « leviers d’action propres » des entreprises du transport aérien (alors même que l’Etat est actionnaire chez Air France, Aéroports De Paris et d’aéroports régionaux), le rapport privilégie une nouvelle fois  la « compétitivité coûts et  prix » des compagnies et des aéroports. Cette politique de libéralisation a également rendue plus vulnérable certaines entreprises du secteur aérien français au développement de nouveaux acteurs répondant à des normes sociales moins favorables aux salariés. Sur ces modèles, la gestion des aéroports français connaît désormais le même schéma (privatisation Clermont-Ferrand Toulouse Lyon Nice), pour privilégier en priorité des compagnies Low-cost (Ryanair,Easyjet…)

La cour des comptes réaffirme que ce sont finalement les acteurs du transport aérien qui disposent en propre des leviers essentiels pour répondre aux exigences mondialisées du secteur et de la compétitivité. Elle met en avant la maîtrise des coûts de personnel, la modernisation de la flotte d’avion, l’innovation ou les investissements. La cour s’en remet donc à la stratégie des directions des entreprises du secteur qui, jusqu’à présent ont privilégié un modèle, faible en emplois et en masse salariale, basé sur la régression sociale, favorisant le versement de dividendes et qui organise une concurrence entre compagnies et aéroports, encourageant le dumping social.

En conclusion

Malgré des prévisions encourageantes de l’Association du transport aérien international (IATA) qui prévoient un « quasi doublement du marché aérien mondial » d’ici 2035, les circonstances décrites ci-dessus laissent présager un avenir sombre en matière d’emploi et de nombre de lignes opérées sur la plateforme Auvergnate. Alors que des investissements importants, financés par le contribuable local, ont permis de moderniser l’aéroport de CFE en 2000 pour atteindre une capacité d’accueil de 2 millions de passagers par an, force est de constater que celui-ci ne tourne qu’à seulement 20% de son potentiel et ce, malgré un développement aérien national en constante évolution. (Ceci est une des raisons pour laquelle le syndicat CGT Aéroport CFE, 1er syndicat de salariés de Vinci-Airports, se positionne contre la construction d’un autre aéroport sur le territoire français.)

 Lire le journal : L'écho des salarié-e-s de Vinci