Déclaration du bureau de l'Union Départementale CGT du Puy de Dôme.

Les victimes des attentats du 13 novembre à Paris viennent s'ajouter aux centaines de milliers que nous devrions pleurer, quelle que soit leur origine, leur nationalité, leur religion. Car depuis trop longtemps, la guerre qui vient de frapper au cœur de la capitale française, déferle sur une partie du monde.

Afghanistan, Centrafrique, Irak, Libye, Mali, Palestine, Syrie, Liban sont le théâtre de massacres à peine perceptibles via nos média. La plupart du temps, les centaines de milliers de victimes de ces conflits sont occultées ou noyées dans la masse du buzz médiatique, saturé par les petites affaires politiques, sportives ou du show-business.

Derrière ces écrans de fumées, les puissances industrielles occidentales, dont la France, sont impliquées dans ces conflits ; elles ne se privent pas d'y mener leurs manœuvres pour défendre leurs intérêts économiques et politiques. En réalité, la France, comme d'autres puissances occidentales, est un pays en guerre depuis longtemps. Elle partage la responsabilité des victimes de cette guerre.

Les inégalités entre le nord et le sud alimentent les conflits. Mais la guerre, jusqu'à présent, était au sud.

Elle nous frappe à présent, au cœur de la France ; c'était inévitable !

Après les attentats de janvier 2015, l'Union Départementale CGT du Puy de Dôme écrivait déjà, avec d'autres :

"Si les assassins sont totalement responsables de leurs actes odieux, d'autres portent leur propre part de responsabilité, notamment dans la dégradation du contexte social, politique et historique qui favorise l'émergence des sectarismes, des communautarismes et des obscurantismes" ; relire le communiqué.

En effet, à force de reléguer des populations françaises, notamment issues de l'immigration, à force de discriminations et de privations de perspectives sociales, il est inévitable que certains individus se tournent vers la criminalité ou soient exposés à l'embrigadement obscurantiste.

Par ailleurs, les réfugiés affluant en Europe fuient notamment DAESH et la guerre. Les punir, les accuser, fermer les frontières, ne serait pas seulement absurde, mais aussi profondément révoltant. Ça ne ferait qu'ajouter plus de confusion et de désespoir, et créditer les amalgames portés par l'extrême-droite et la droite populiste.

De même, ces attentats ne sauraient servir de prétexte à quelque restriction que ce soit des libertés individuelles et collectives. Une telle restriction, n'aurait aucune efficacité en termes de sécurité et ne pourrait qu'aggraver la crise en muselant la contestation sociale. Par contre, les factions antirépublicaines ne doivent pas pouvoir sévir impunément ; aucune exaction ne doit être tolérée.

Si les terroristes assument individuellement la responsabilité de leurs actes odieux, les discriminations, la relégation, la dégradation des services publics, des organismes de solidarité et de protection sociale créent les conditions favorables à leur dérive mortifère. D'autant que les injustices et la barbarie auxquelles les peuples du sud sont livrés, nourrissent les replis identitaires et la radicalisation de nos jeunes, parmi les plus relégués.

Il faut que la France sorte de la guerre sous toutes ses formes. Il faut développer les solidarités internationales, économiques, politiques et culturelles. Il faut renforcer nos services publics et nos organismes de protection sociale et les mettre au service de l'égalité, contre les discriminations.

Les politiques menées par les gouvernements successifs vont à l'inverse ; plus que jamais, il faut que les salarié-e-s se mobilisent pour obtenir une nouvelle politique, de partage et de répartition des richesses, qui permette à chacun de trouver des perspectives, de construire sa vie et de se reconnaître dans le "vivre ensemble".

C'est à ce prix que nous retrouverons la paix et la liberté.

Clermont-Ferrand, le 16 novembre 2015.