En Italie, une réforme de l’emploi qui institutionnalise la précarité : « Jobs Act », le grand bluff de Matteo Renzi

Le Jobs Act de Renzi n'est pas une loi travail à l'italienne (les mondes du travail italien et français étant différents) mais la flexibilité, l'austérité, la politique de l'offre ou la précarité qui en résulte sont en cohérence avec les injonctions européennes auxquelles répondent la loi El Khomri.

Article du Monde Diplomatique, juillet 2016 :

Défait à Rome et à Turin par le Mouvement 5 étoiles — une formation qui se revendique « antisystème » —, le Parti démocrate du président du conseil italien Matteo Renzi sort affaibli des élections municipales du 19 juin. À croire que sa réforme du marché du travail, le fameux « Jobs Act », a davantage séduit les médias, les milieux patronaux et les sociaux-libéraux européens que les électeurs italiens…

Le président du conseil italien Matteo Renzi aime à se présenter comme un dirigeant politique moderne et innovant. Ainsi, sa réforme du marché du travail aurait libéré le pays de ses archaïsmes et fait baisser le chômage. Connues sous le nom de « Jobs Act », les mesures adoptées par son gouvernement pour relancer l’emploi n’ont pourtant fait que pousser plus loin encore la logique des vieilles recettes libérales.

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Loi sur le travail: jusqu'au bout de la déchéance !

Durant son quinquennat, François Hollande aura dynamité le code du travail avec plus de violence que tous les gouvernements de droite réunis depuis trois décennies. Il aura aussi tourné le dos à l'histoire et aux valeurs de la gauche. La rupture dans la politique sociale est aussi spectaculaire qu'elle l’est en matière de libertés publiques.

C'est comme une interminable descente aux enfers ! À chaque nouvelle annonce faite par François Hollande ou par Manuel Valls, on se prend à penser que, décidément, avec eux, on touche le fond ; que rarement des dignitaires socialistes auront à ce point piétinés les promesses faites à leurs électeurs, en même temps que leurs propres valeurs. Et pourtant non ! À chaque fois, on est saisi par un sentiment de sidération, parce que le fond est plus bas que l’on pensait, encore plus bas, toujours plus bas...

Ainsi donc, la France vit depuis plusieurs mois, avec la déchéance de nationalité - projet qui a été emprunté au programme du Front National - et la constitutionnalisation de l’état d’urgence, une séquence infernale dont on peut déjà tirer un premier enseignement : depuis la guerre d’Algérie, aucun gouvernement de gauche comme de droite, n'aura plus attenté aux valeurs de la République et mis en danger les libertés publiques que ne l'aura fait celui de Manuel Valls. Et voici que cette séquence n'est même pas refermée qu'une autre commence, avec l'annonce d'une nouvelle rafale de dispositions visant à démanteler le code du travail, qui invite à un constat symétrique : depuis la Libération, jamais un gouvernement de gauche comme de droite, n'aura à ce point autant dérégulé le marché du travail que celui du même Manuel Valls.

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Le code du travail, garant de l’emploi : Deux siècles de luttes !

Article du Monde Diplomatique, historique, argumenté et pertinent.

"Fidèles à leur principe, on ne change pas une politique qui perd , MM. François Hollande et Manuel Valls ont refusé, le 14 décembre 2015, de donner un coup de pouce au salaire minimum. Il n’augmente donc que de 6 centimes de l’heure, comme le prévoit la loi. A ce choix de maintenir les salaires bas s’ajoute une volonté de détricoter le code du travail, qui résulte d’une longue histoire.

Feu sur le droit et sur le code du travail, qui angoisseraient patrons et salariés et seraient responsables du chômage ! Ils doivent être réduits, ramenés à quelques grands principes, entend-on partout. Pourtant, avant de chercher à les déconstruire, il serait judicieux de voir comment ils se sont construits. Rien n’est là par hasard. Comme dans un écosystème, chaque élément est utile à certains, et le tout, utile à tous.

Cet édifice s’est élevé lentement au fil des siècles. Il s’est affermi dans la sueur et les larmes, parfois à cause de catastrophes industrielles ou de guerres. Et il n’a pas fini d’évoluer.

Dans le système économique d’après la Révolution française, il n’existe pas de droit du travail. Les rapports entre patrons et ouvriers sont régis par le contrat, le code civil précisant que celui-ci a force de loi. L’égalité entre les citoyens proclamée dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 entraîne de facto l’égalité entre les contractants - une fiction juridique. La Révolution consolide ainsi le mythe de la liberté de négociation.

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