Auchan City : Sanction disproportionnée

Communiqué de l’Union Locale de Tourcoing, 3 Août 2016

« L’affaire de notre Camarade Stéphanie, caissière à Auchan City, licenciée pour des faits futiles, prend une ampleur médiatique considérable. La disproportion entre la sanction (licenciement) et les faits présumés (la direction évoque une « malversation », une « fraude », pour des erreurs se chiffrant en centimes…), entre les protagonistes (un Empire milliardaire et une femme seule avec enfants, survivant avec moins de 1000 euros par mois), cette disproportion « parle » aux gens.

Cette honteuse affaire n’est hélas pas un évènement à dissocier de son contexte : un pays livré aux seuls appétits des capitalistes, dont le droit du travail est en voie d’être détruit (loi El Khomri), dont toutes les conquêtes sociales sont remises en cause, un pays ravagé par la précarité et le chômage, un pays où la haine de classe (en particulier vis-à-vis de la CGT, organisation historique à l’origine de toutes nos conquêtes) sévit de façon de plus en plus ouverte, un pays donc, où désormais, les exploiteurs se pensent intouchables et tout permis.

La société Auchan City Tourcoing, partie infime d’un Empire multimilliardaire, n’échappe pas à la norme : 150.000 euros de CICE (argent public donné à Mulliez), un terrain de rêve offert pour un euro symbolique, et pour les salariés, des conditions de travail très dégradées, des salaires de misère, un turn-over permanent, le « principe » même de l’hyper en centre-ville, vécu par ses dirigeants comme une « expérimentation » (qui ne ravit pas les commerçants du centre), fait des salariés du magasin des cobayes (moins payés que les autres salariés d’Auchan, avec une charge de travail supérieure, …). C’est cela aussi que révèle cette affaire.

Il a fallu à notre Union Locale batailler ferme pour obtenir l’organisation d’élections dans l’entreprise. Celle-ci a longtemps (et illégalement) reculer l’échéance. En juin 2013, finalement, face à une section « syndicale » CFTC de dernière minute, notre CGT gagnait ces élections avec 72 % des voix du personnel. Depuis, l’influence de la CGT n’a fait que se renforcer, malgré le turn-over, et ceci pour deux raisons : une gestion du personnel désastreuse qui multiplie les pressions et sanctions, et une écoute et une réactivité très fortes de nos militants dans le magasin et dans notre Union Locale.

A cela il faut ajouter une volonté manifeste de salir la CGT et son délégué syndical (sous très haute pression). Ceci sur un territoire administré par l’ami des patrons Darmanin, contre lequel notre Union Locale doit également se battre, puisqu’il souhaite nous expulser de la ville.

Cette affaire donc, médiatisée (mais qui n’est que la face émergée de l’iceberg des humiliations vécues par le monde du travail), révèle à grands traits ce à quoi les dirigeants de ce pays (politiques et économiques) nous préparent : une société où seule la loi du profit, la loi du plus fort, a droit de cité, quand les travailleurs sont censés rester dociles, se sentir coupables et en même temps heureux d’avoir un boulot, même très mal payé, même très pénible, et même si les fins de mois commencent au plus tôt.

Pour revenir à Stéphanie : notre CGT est la sienne. Nous défendons ses intérêts de la même manière que ceux de milliers d’autres, au quotidien, dans une ville où près d’un tiers des habitants vit sous le seuil de pauvreté. Le barbecue populaire que nous avons organisés samedi soir, après avoir invité à Tourcoing-Plage celles et ceux qui le voulaient, a encore accentué notre vocation : en plus d’organiser les travailleurs dans l’entreprise, nous ne pouvons que combattre avec celles et ceux qui sont sortis de l’entreprise par la loi du profit, discuter avec eux, rendre contagieux notre « optimisme de la volonté », combattre la résignation et le fatalisme (terreaux des fascismes). Et c’est pourquoi nous resterons dans nos locaux, la « Maison du Peuple ».

Stéphanie comme tant d’autres risque de voir sa situation se dégrader encore avec le chômage. NOUS NE L’ACCEPTONS PAS ! Et notre révolte face à sa situation, cette révolte, nous la vivons chaque jour au contact des travailleurs (avec ou sans emploi) de Tourcoing. Lorsque la presse indique que Stéphanie ira défendre ses intérêts aux Prud’Hommes, elle a raison. Mais nous ne nous satisfaisons pas de cette « victoire » à venir. NOUS EXIGEONS LA RÉINTEGRATION DE NOTRE CAMARADE !

Nous lançons un appel aux Mulliez : la colère de vos salariés (à noter que Stéphanie et la CGT bénéficient d’un soutien quasi unanime dans le magasin), c’est aujourd’hui aussi la colère de vos clients. Il y a des limites. Vous les dépassez. Cette affaire n’est pas un évènement isolé, mais bien le révélateur d’un malaise bien plus large. A vous de l’entendre.

La section syndicale CGT Auchan City Tourcoing exige :

  •          La réintégration de Stéphanie, préalable à une refonte de la gestion du personnel.
  •          Cette gestion du personnel doit considérer les salarié(e)s du magasin comme des êtres humains et non comme des denrées périssables.
  •          À cet effet il faut renouer la confiance avec le personnel, en le reconnaissant, et notamment en procédant à une augmentation des salaires (pour au moins les aligner sur les autres magasins Auchan)
  •          Il faut embaucher du personnel, et sans attendre les trop nombreux cadeaux que vous font l’État et les collectivités territoriales avec l’argent public.
  •          Enfin, il faut renouer le dialogue avec les représentants du personnel et ne plus chercher à créer une autre réalité (sans la CGT) que la réalité actuelle (avec la CGT)

DÉCLARATION CGT DE L'UL DE Tourcoing, le 2 août 2016 »

Signer la pétition en ligne