La Poste, personnel et service public sacrifiés.

Devenue Société Anonyme avec 100% de capitaux publics (pour l'instant) depuis 2010, les conditions de travail sont aujourd'hui insupportables pour les salarié-e-s de La Poste.

En effet, après le changement de statut de 1991, mettant fin à l'administration des PTT, La Poste est devenue une entreprise publique qui comptait près de 320 000 employé-e-s en l'an 2000. Le nombre de salarié-e-s de la SA est aujourd'hui d'à peu près 230 000, avec l'objectif (demi)-caché d'atteindre les 200 000. Sacrée saignée...

Des bureaux de poste qui ferment ou qui se transforment en points de contact (sans personnel postier à l'intérieur, mais agents municipaux, commerçants etc.), avec des horaires et services limités ou difficilement accessibles, des tournées de distribution qui s'allongent. À La Poste, la notion de service public s'amenuise de jour en jour.

La Poste, hier actrice privilégiée et efficace de l'aménagement du territoire et service public reconnu par tou-te-s, ne contribue plus à l'égalité territoriale pour les zones rurales. Au contraire, les modes d'utilisation mis en place incitent les usagers à se tourner vers d'autres prestataires privés.

De plus, les conditions de travail y sont devenues insupportables.

Les employé-e-s dans les bureaux sont esseulé-e-s face à des usagers qui ne s'y retrouvent plus. Les agents de distribution et d'exploitation sont soumis à des cadences infernales.Le tout provoque d'innombrables arrêts de travail, troubles musculo-squelettiques, dépressions, et même suicides. De l'agent de premier niveau jusqu'au cadre, les salarié-e-s y sont méprisé-e-s ; le tout pour des salaires de misère : près de 1500 euros en fin de carrière pour un facteur.

Les rares embauches sont aujourd'hui soumises à de longues périodes de précarité. La norme actuelle est l'alternance : après une année de formation (cap/contrat pro...) payée près de 800 Euros (en grande partie financés par l'État) et durant laquelle les stagiaires auront bien souvent à effectuer le même travail que les titulaires, le CDI peut être délivré sous plusieurs conditions. Cette politique d'emploi justifie-t-elle les 300 millions d'euros touchés au titre du CICE ?

Le service public n’est pas modernisé, il est rentabilisé, ce qui est très différent. De plus près de 250 filiales gravitent au sein du Groupe La Poste et captent l'essentiel des flux d'argent. Elles attisent même le dumping social en faisant travailler, parfois sur les mêmes positions, des salarié-e-s de différentes entreprises, tous avec des salaires différents.

Voila ce qu'est devenu la 1ère entreprise de France (après l'État) en nombre d'employé-e-s. Le schéma de la financiarisation sur le dos des salarié-e-s qu'on retrouve dans toutes les grandes sociétés de France y est vraiment "au point".

Dans ce contexte hostile, l'activité syndicale est très difficile et les militant-e-s payent le prix de leur engagement. Pour preuve l'acharnement dont est victime une agent d'un bureau de poste du département. (lire le tract de la FAPT-CGT 63).

Malgré tout, les militants CGT résistent et les salarié-e-s de La Poste seront dans l'action lors de la manifestation du 15 mai prochain. (voir l'appel fédéral de la FAPT-CGT).

Pour garder un véritable service public et préserver l'intégrité des salarié-e-s, il est nécessaire de revaloriser les salaires et lancer une véritable politique d'emplois.