Lean management : un syndicat obtient gain de cause contre la méthode

Montreuil, mardi 25 avril 2017

La Cour supérieure du Québec vient de donner raison à un syndicat qui contestait la méthode de gestion Lean dans le milieu des soins hospitaliers. La méthode d’organisation et de gestion originaire du Japon, de chez Toyota notamment, fait la chasse au gaspillage de temps notamment, et vise une amélioration constante des processus de travail par les salariés eux-mêmes.

Le syndicat du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Nord de l’île de Montréal, avait invoqué la détresse psychologique provoquée chez les employés les plaçant en contradiction avec leur code de déontologie. Le syndicat avait déjà obtenu gain de cause en 2016 mais la décision avait été portée en appel. Cette décision est une première au Québec, et selon le syndicat, pourrait avoir un effet d’entraînement et générer d’autres contestations judiciaires.

Lean signifie « maigre », au sens de « dégraissé » c’est-à-dire débarrassé des gaspillages, et vise à l’amélioration de la productivité par l’élimination de ces gaspillages répartis en 7 catégories  : productions excessives, attentes, transports et manutentions inutiles, tâches inutiles, stocks, mouvements inutiles et productions défectueuses.

Apparue dans les années 80, la méthode a été appliquée en Europe à partir de 2013 très fortement au début dans le secteur de l’industrie puis dans la fonction publique, les services, la santé secteur particulièrement sensible aux risques psychosociaux. Tous secteurs confondus, les conséquences sont particulièrement importantes : conditions de travail dégradées, santé altérée, perte de sens de travail, fragilisation, TMS aggravés, risques psychosociaux. La vigilance est de mise, d’autant plus que le Lean peut être financé sur les fonds publics, comme à l’hôpital par exemple, ou par le biais de la formation professionnelle.

En 2015, la Fonction publique en France avait formé plus de 2 500 cadres dirigeants en quatre ans. La même année, le tribunal de grande instance de Nanterre avait fait jurisprudence reconnaissant qu’un projet Lean, «  dans la mesure où il s’inscrit dans une approche nouvelle d’amélioration des performances, peut impacter des transformations importantes des postes de travail », doit faire l’objet d’une information/consultation du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT).

Dans sa contribution de la CGT à la Table ronde du 15 septembre 2016 sur l’épuisement professionnel, la CGT déclarait : « Il faut mettre en place un réel dispositif d’accompagnement et de soutien de ces salariés ; et ça implique de donner les moyens et compétences, financiers et humains, aux comités régionaux de reconnaissance des maladies professionnelles, CRRMP, qui connaissent déjà des difficultés de fonctionnement ».