Quelle activité Syndicale ?

Intervention de Fabrice FARGHEOT CGT Valéo Issoire aux Assises CGT de l’automobile 6 et 7 Février 2017

L’objectif de ce discours introductif, sur l'activité syndicale dont nous avons besoin, n'a pas pour but d'imposer une ligne, ou, de donner des leçons à qui que ce soit !

J'ajoute aussi que malheureusement, à la fin de cette table ronde, le débat qui va s'instaurer ne nous permettra pas, en sortant d'ici, d'avoir comme une espèce de procédure miracle, clé en main, sur la mise en place d'une activité syndicale victorieuse sur nos sites.

Cependant, il nous faut réfléchir à une stratégie efficace qui nous permette, de faire face aux attaques incessantes du patronat sur les enjeux de société tels que notre protection sociale ou encore le droit du travail, mais aussi de construire dans les entreprises des cahiers de revendications au plus proche des besoins des salariés avec pour finalité un rapport de force suffisant pour arracher des luttes victorieuses…

2017 rime avec conquête et même reconquête, alors, ne soyons pas frileux et attelons-nous à la tâche pour que ce merveilleux outil démocratique qu'est la GT puisse prendre toute la place qui lui revient dans la société d'aujourd'hui !

Thème 1 : Démocratie

Pour cela, pour avoir une activité syndicale en phase avec les enjeux qui se posent à nous et qui soit également en phase avec les besoins des salariés, il nous faut instaurer dans nos syndicats plus de démocratie pour que nos slogans "tous ensemble" et avoir des syndiqués "acteurs et décideurs" ne soit plus de vaines formules de circonstances...

Nous sommes élus par les salariés et pour les salariés !

C'est aux salariés, à nos syndiqués qu'il revient de décider quelles formes d'actions ils souhaitent mettre en place pour faire aboutir leurs revendications.

Si nous ne voulons plus subir le courroux patronal, il ne faudra pas faire l'économie du dialogue sur le terrain, comme par exemple mettre en place des conseils d'ateliers lors de luttes et de grèves...

Dans combien de syndicats, encore aujourd'hui, il n'y a pas d'assemblée générale de syndiqués, de réunions d'informations auprès des salariés. Dans combien de syndicats, également, les décisions sont prises par quelques uns sans véritable concertation.

Si nous voulons avoir une meilleure activité syndicale qui nous permettra, peut-être, de construire des luttes victorieuses à l'avenir, il nous faudra sans aucuns doutes améliorer le fonctionnement démocratique de nos bases...

Nous sommes en droit de nous poser la question sur le faible taux de syndicalisation, qui, vous en conviendrez, n'est pas très flatteur.

Ne pensez-vous pas qu'il nous serait plus facile d'augmenter le nombre de nos syndiqués si ces derniers avaient l'impression que leurs opinions soient prises en compte et que chaque voix compte pour un ?

Thème 2 : Négociations

Le second thème que je souhaiterais aborder concerne les négociations.

Mis à part les fermetures de sites, lorsque les employeurs décident de mettre à mal et réduire nos avantages sociaux en contrepartie de volumes et parfois de rien du tout, nos syndicats s'opposent du mieux qu'ils le peuvent, trop souvent, sans être force de propositions et d'alternatives acceptables...

Selon vous, le meilleur moyen de ne plus subir réside t'il seulement dans l'opposition systématique, ou bien peut-être dans la recherche de propositions alternatives qui pourraient être élaborées en concertation avec les salariés et donc avec leur soutien ?

À tort ou à raison, je sais que le mot pragmatisme est considéré comme un gros mot à la CGT.

Malgré tout, l'opposition systématique additionnée parfois à une révolte incontrôlée ne nous permet que très rarement d'influer sur le cours des choses, si ce n'est à la marge.

En revanche, comme tout militant qui se respecte, être sur des bases de luttes de classes avec pour objectif principal de changer la société, ne doit pas nous faire oublier le contexte dans lequel on évolue. Force est de constater qu'il nous est défavorable !

L'opposition tout azimut a ses limites. Même si l'on sait que c'est très difficile de faire évoluer les choses à notre avantage, il ne faut pas faire l'économie de travailler à des projets alternatifs en nous appuyant dans les comités d'entreprise sur les experts pour nous épauler, et étoffer notre argumentation pour construire un rapport de forces suffisant et amplifier la mobilisation...

Thème 3 : Formation

Le troisième et dernier thème que je veux vous soumettre concerne la formation syndicale.

Ce que je vais vous dire va vous paraître évident, mais le dire, c'est mieux !

Un militant bien formé sera un militant plus à même de faire front, et sera mieux armé pour construire une stratégie syndicale efficace...

En revanche, certains d'entre vous ne vont peut-être pas partager mes prochains propos !

En effet, comme la plupart d'entre vous, je rencontre beaucoup de militants, de différents syndicats de l'automobile dans ma coordination ou dans mon USTM, mais aussi d'autres professions dans les assemblées générales UD ou UL.

J'ai l'étrange impression que la conscience collective de luttes de classes est en net recul ! On a de très bons élus spécialisés et compétents dans leur domaine que ce soit dans les CHS-CT ou dans les CE. En revanche, il est de plus en plus difficile de trouver des militants prêts à investir de leur temps personnel, sortir des usines, pour faire fonctionner les structures CGT de proximité. Je pense notamment aux UL.

Améliorer l'activité syndicale dans les syndicats passera forcément par des militants ayant un cursus de formation adéquat et conséquent, mais aussi par la connaissance acquise tout au long de sa vie, la connaissance de notre histoire sociale, le partage de nos différentes expériences syndicales...

Combien de militants, aujourd'hui, sont abonnés à la NVO ? Très peu, trop peu malheureusement.

Tout ça pour vous dire, que le salariat est un grand jardin qui a besoin d'être cultivé, car malheureusement, la mauvaise herbe réactionnaire prolifère plus vite que nos idées progressistes.

Ce n'est pas une fatalité, cela prendra du temps, mais l'inversion du rapport de force en place n'est pas impossible.

Il nous faut travailler à convaincre tous les salariés en argumentant autour de nos repères revendicatifs partout où cela est possible...

Conclusion

Pour conclure, la CGT est, et sera, toujours un syndicat à l'offensif. Mais soyons vigilants, et faisons attention de ne pas tomber dans le piège d'être juste sur une position de "dénonciation" qui, à terme, fera le jeu du patronat...

Je vous l'accorde, les coups pleuvent (loi Rebsamen, Macron, El-Khomri, la refonte de notre Convention Collective). Malgré tout, nous devons rester optimistes, persévérer, ne pas se résigner !

Petit à petit, avec l'appui des salariés, qu'il nous faudra convaincre un à un, il nous faudra rebâtir un rapport de force qui nous permettra d'avancer sur nos propres propositions et ne plus subir la doctrine patronale.