Intervention du groupe Cgt de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie

Montreuil, le 17 décembre 2018

Nous sommes appelés ce jour à examiner en urgence le projet de loi « portant mesures d’urgence économiques et sociales » censé répondre à la crise sociale qui traverse le pays.

Le texte de ce projet de loi confirme le jugement déjà porté par la CGT sur ces annonces : ces annonces sont pour l’essentiel une entourloupe et ne répondent en rien aux exigences sur le pouvoir d’achat portées par les salariés et les retraités depuis un mois.

Un mouvement citoyen inédit exprime la profondeur de la crise sociale, politique, démocratique qui secoue notre pays, des ronds-points de fraternité jusqu’aux entreprises, des rues parisiennes aux campagnes, etc.

Une crise accentuée et incarnée par la verticalité d’un pouvoir qui nie les institutions et les organisations qui ont contribué à écrire notre histoire.

Des élites, experts et sachants qui ont perdu conscience du modèle social Français, aveuglés par leur suffisance, où leurs reformes ne consistent pas à combattre l’injustice du monde. Preuve en est, depuis des années les politiques à l’œuvre ont conduit à désintégrer la société Française et permis d’installer l’insécurité sociale généralisée.

Comme l’a si bien exprimé Alain Supiot : « Liquider toute sphère d’interdits au nom de la liberté économique ne peut qu’engendrer l’écrasement du faible par le fort et ouvrir les vannes de la violence ». Nous y sommes !

Alors ce projet de loi qui a pour ambition de ramener le peuple de France à la raison, est-il au rendez-vous de l’histoire ? Non, bien au contraire, ce texte et son introduction signe, par-delà les tentatives rhétoriques du mea culpa autour du : nous n’avons pas assez écouté, le maintien des logiques destructives du vivre ensemble.

Aucune mesure ne vise à combattre les fractures sociales et territoriales ce qui conduit à ce que les différentes composantes de notre société ne se croisent plus.

Et il suffit de mesurer la hauteur des 40 Milliards d’Euros de cadeaux aux entreprises prévus en 2019 (20 Mds€ au titre du CICE dû au titre de l’année 2018 et 20 autres milliards en baisses de cotisations sociales en 2019).

Aussi le satisfecit gouvernemental de l’exposé des motifs de la loi sur la justesse des « profondes transformations de notre modèle économique et social … la vitesse d’exécution et la profondeur inconnue depuis plusieurs décennies… » va accentuer le décalage entre le pouvoir et le Peuple et rajouter exaspération et colère.

Rien qui redonne confiance en l’avenir quand la peur du déclassement traverse les générations et se concrétise dans l’impossibilité de finir le mois, voire de le débuter dans le rouge.

Il nous faut de toute urgence sortir de la pensée des politiques néolibérales et reprendre confiance dans le modèle social Français, fondé sur un haut degré de solidarité, une fonction publique intègre et dévouée, un droit du travail protecteur, des services publics de qualité et accessibles à toutes et tous.

C’est ce modèle social et la justice sociale qui sont les seules protections de la violence sociale.

Aussi la CGT ne cautionnera pas des mesures qui programment un nouveau désengagement de la Sécurité sociale et repli des services publics. Nous n’avons aucun chiffrage sur les exonérations de cotisations sociales et encore moins sur les compensations. Des dispositions qui concourent à la remise en cause du salaire socialisé.

Aujourd’hui, la toute première urgence est d’ouvrir des perspectives sociales et économiques prenant en compte les défis environnementaux. L’urgence sociale et l’urgence environnementale sont indissociables. Construire avec toutes et tous un monde qui refus les inégalités, où chacune et chacun pourra vivre de son travail et s’épanouir dans une nouvelle mise en sécurité sociale de santé et professionnelle.

Pour cette dynamique de progrès, de bien-être et de liberté, il est temps de donner du pouvoir d’agir au Peuple dans l’entreprise et la cité. Ce que l’on nomme démocratie et fraternité.

La CGT se prononce défavorablement sur ce projet de loi.