Un 3 mai mobilisé avec les Cheminot-e-s

Jeudi 3 mai, au 13ème jour de grève des Cheminot-e-s, la mobilisation ne faiblit dans aucun des corps professionnels de la SNCF.

À Clermont-Fd, après l'AG Intersyndicale, une manifestation est partie de la Gare jusqu'à la Préfecture. Près de 300 Camarades étaient présent-e-s. Plusieurs syndicats étaient représentés :

  • notamment des Camardes Pompiers, au début d'un mouvement qui pourrait durer
  • l'Énergie, en lutte également pour le service public de l'énergie et Hop! qui ont assuré la restauration sur les marches de la Préfecture,
  • L'Éducation, 
  • Les Services Publics...

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Discours lu sur les marches de la Préfecture de Clermont par Arnaud Emorine, SG UFICT Cheminot-e-s Clermont.

Chères et chers Camarades,

Au 13ème jour, notre mouvement ne faiblit pas, et même l’Intersyndicale se renforce. Même si le Premier Ministre que nous avons contraint à nous rencontrer nous reçoit individuellement, c’est bien un projet commun que les Organisations Syndicales lui remettront le 7 mai.

Les cheminots sont encore déterminés à lutter contre le projet du gouvernement, qui, en plus de n’apporter aucune solution pour l’amélioration du service, est au contraire le dépeçage du service public ferroviaire à travers la privatisation.

L’un des 3 points du projet de loi du Gouvernement est la transformation de l’Entreprise Publique Industrielle et Commerciale SNCF en société par actions à capitaux publics.

Si le Gouvernement présente cette mesure comme purement technique, nous ne sommes pas dupes, il s’agit bien du premier pas vers une privatisation. 

Aucun autre objectif ne peut soutenir cette transformation. 

Aucun argument sérieux ne montre une autre utilité de ce changement.

D’ailleurs, le Gouvernement confirme involontairement cette analyse en expliquant partout que c’est un retour au statut juridique d’avant 1982. Or, justement, si la SNCF était une société par actions avant 1982, c’est bien parce qu’elle avait encore des actionnaires à hauteur de 49%. Cette situation était issue de la convention de nationalisation de 1938 dans laquelle les intérêts des propriétaires des anciennes compagnies privées avaient été préservés, malgré leur faillite. En 1982, le Gouvernement de l’époque prend acte de la fin de la convention de 50 ans et va au bout de la démarche de nationalisation en faisant de la SNCF un EPIC.

Aujourd’hui, le Gouvernement veut donc revenir en arrière et dépouiller le pays d’un morceau de son patrimoine.

Il l’a déjà annoncé pour le FRET bientôt filialisé, ou plus clairement privatisé et dépecé en petite entités locales. Et en Auvergne, s’il n’y a plus de Lignes ferroviaires il n’y aura plus de FRET ferroviaire et le routier polluera toujours plus, même si Macron va donner des leçons à TRUMP qui a quitté la conférence de Paris.

Une initiative pour dénoncer le tout routier au dépend du FRET est prévue demain 4 mai à 10H à St Germain des Fossés. Soyons nombreux pour défendre nos Camarades !

Devons-nous tenir compte des promesses que le capital ne sera pas cédé, qu’il ne sera pas augmenté en faisant appel aux marchés financiers ou qu’il ne sera pas échangé dans une fusion avec une entreprise privée ?

Pour EDF-GDF, c’est le Ministre des Finances – Nicolas Sarkozy – qui monte au créneau à l’Assemblée Nationale en 2004 : 

« EDF GDF ne sera pas privatisé. En revanche, nous devrons changer, pour l’adapter, le statut de ces grandes entreprises, pour leur donner les moyens, du développement dont elles ont besoin. »

En 2006, la loi 2006-1537 autorise l’État à ramener sa participation dans GDF à moins de 50% puisque la fusion avec SUEZ fait passer le capital à 65% aux actionnaires privés.

Renault, BNP, USINOR, Air France, nous avons des dizaines d’exemples pour accréditer nos craintes, et aucun exemple qui vienne les contredire.

Le Gouvernement s’appuie alors sur le fameux « exemple allemand » : La Deutsch Bahn n’a pas été privatisée alors qu’elle a changé de statut juridique il y a des années. C’est oublier un peu vite que l’État allemand avait un projet d’ouverture du capital de 25% en 2008, et que c’est la crise financière qui l’a fait renoncer à ce projet… Alors non, nous ne croyons pas aux promesses de ce gouvernement.

Dans la propagande capitaliste, l’actionnaire privé est celui qui prend le risque d’investir, qui apporte le capital pour développer l’entreprise.

Mais en l’occurrence, les entreprises publiques qui sont privatisées ont été développées par l’argent des citoyens, les choix stratégiques de l’État et le travail des salariés. 

Les gros actionnaires dits « institutionnels » qui s’emparent du capital au moment des privatisations sont des parasites qui font leur nid dans ces fleurons nationaux, puis qui ne cessent de grossir entre la casse de l’emploi et des droits sociaux des salariés d’un côté, et la hausse des prix de l’autre.

« Rendez l’argent des privatisations » devrait être un slogan repris en cœur par tous les citoyens soucieux de l’intérêt général.

Citons seulement 3 exemples de ce qu’ils nous volent :

  • France Telecom qui, sur les 15 dernières années, a versé 26 milliards et 760 millions d’euros à ses actionnaires privés !
  • EDF-GDF ensuite : pour EDF, l’État est encore largement majoritaire mais ce sont tout de même 3,6 milliards qui ont été versés aux actionnaires privés sur les 10 dernières années. GDF, fusionné avec SUEZ pour donner ENGIE, a versé 20 milliards et 680 millions d’euros à ses actionnaires privés sur la même période de 10 ans.
  • Enfin, les sociétés concessionnaires d’autoroute, qui ont versé 21,4 milliards de dividendes à leurs actionnaires ces 10 dernières années, soit entre 65% et 100% de leur résultat

Pour ces 3 domaines, ce sont donc plus de 72 milliards en 15 ans qui ont été ponctionnés sur le bien public. Il faudrait y rajouter la plupart des banques qui ont été privatisées et dont les profits sont aujourd’hui indécents, et d’autres encore.

Ce pillage a-t-il permis une amélioration du service offert ?

Dans le domaine routier, l’infrastructure est très dégradée et va nécessiter des plans d’investissements massifs des collectivités locales, donc une probable pression sur les finances publiques ou sur la fiscalité. Pour les autoroutes, 1 milliard sera nécessaire et il sera financé par la hausse des péages acquittés par les automobilistes.

Enfin pour l’énergie, des installations stratégiques comme les barrages hydroélectriques doivent prochainement être privatisés. Alors que grâce à leur souplesse de production, ils peuvent servir à répondre aux besoins de la population dans les moments de tension sur la consommation, des opérateurs privés auront tendance à se servir de leurs capacités lorsque le prix de l’énergie en Europe est au plus haut, de manière à faire de juteux profits. Depuis l’affaiblissement du pôle public de l’énergie, nous voyons désormais apparaitre des questions sur la capacité du pays à assumer sa consommation en hiver par exemple, alors qu’auparavant les coupures étaient impensables.

De même sur le prix, une récente enquête de l’UFC-Que Choisir montre qu’en 4 ans, le prix de l’électricité pour un foyer a augmenté de 70€ pour le tarif public, contre 105€ pour les tarifs privés. 

Prix, état du réseau, casse de l’emploi, il n’y a aucun bénéfice pour la collectivité. Alors « rendez l’argent des privatisations ! » et rendez-nous nos services publics efficaces et socialement vertueux.

Pas question qu’un tel gâchis touche la SNCF et le réseau ferroviaire !

En Angleterre, en Allemagne, en Suède, partout où les activités ferroviaires ont été privatisées, le prix du transport a augmenté bien plus vite que l’inflation.

Ce qui est rentable alimentera les résultats financiers des entreprises et ce qui ne l’est pas devra être compensé par la puissance publique ou sera supprimé. 

C’est la règle de l’économie de marché. 

La régénération des « petites lignes », le maintien de trains pendant les saisons creuses, les dessertes TGV déficitaires, la liste est longue de tout ce qui pourra être remis en cause ou qui sera soumis au chantage du financement public pour être maintenu. 

Les territoires ruraux, déjà souvent les plus fragiles, seront un peu plus abandonnés. 

Sur l’Auvergne ce sont 80% de nos lignes qui sont menacées. Seuls resteraient Clermont-Paris et Clermont Issoire puisque même Clermont-Lyon n’est pas jugé rentable selon Valérie Thomas, Mme la députée de la 1er circonscription que nous avons rencontré. Et encore la SNCF annonce vouloir dégrader la liaison Paris-Clermont en supprimant le train direct.

Ce sont bien tous les services publics qui sont menacés. La santé va devoir faire 960 millions d’économie alors qu’elle manque de moyens humains et matériels comme tous les services publics.

Les étudiants, les retraités, les salariés du public et du privé, les privés d’emploi, tous ceux qui ne sont pas riches doivent se serrer la ceinture pour que ultras riches puissent planquer leurs fortunes dans les paradis fiscaux et à l’étranger et bientôt sans même être taxés.

Voilà pourquoi les cheminots ne peuvent pas perdre ! Sinon derrière ce sera le tour du statut de la fonction publique, et même le CDI trop contraignant selon le MEDEF, tout comme le SMIC beaucoup trop élevé à leur yeux.

La SNCF, certains veulent la descendre, nous on la défend !

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Retrouvez ci-dessous l'Info Lutte Fédérale des Cheminot-e-s Cgt N°20 – 3 mai 2018

Les chiffres du jour

  • 1 MILLION D’EUROS, c’est le montant du chèque de solidarité remis le 03 mai, à Paris, aux organisations syndicales par les intellectuels, écrivains, artistes ;
  • 10 198, c’est le nombre de cheminots présents dans les initiatives organisées sur le territoire.

Au 1er jour de la 7ème séquence, la mobilisation des cheminots ne faiblit pas. Les 8 et 9 mai prochains, il faudra accentuer nos efforts pour contraindre Gouvernement et direction SNCF à revoir totalement la copie d’une réforme bâclée techniquement et socialement.

8 POINTS POUR GAGNER !

C’est avec force et conviction que nous devons ancrer notre action dans la durée afin de gagner sur :

  • La dette et le financement du service public ferroviaire ;
  • La relance du Fret SNCF ;
  • Le statut juridique de l’entreprise ;
  • L’amélioration de la production ;
  • La ré-internalisation des charges ;
  • Le rejet de la concurrence ;
  • La pérennisation du statut et des droits des cheminots ;
  • Les garanties collectives (CCN).

Ces 8 points, acceptés sur le principe, depuis la première séquence, par l’ensemble des organisations syndicales représentatives, doivent être portés partout et par le plus grand nombre dans chaque chantier, chaque établissement, chaque région.

Ce sont ces 8 points que la Fédération CGT des Cheminots portera lors de la rencontre avec le Premier ministre, le 7 mai prochain.

D’ici là, la Fédération CGT appelle les cheminots de tous métiers, tous collèges à s’inscrire massivement dans la grève et toutes les initiatives organisées dans les territoires à l’image de celles qui se sont tenues le 03 mai, afin de peser plus fort encore sur le Gouvernement et la direction SNCF.

Le nombre fera la victoire et la victoire c’est NOUS !

Amiens : 55 cheminots dans une opération péage gratuit.

Rouen : 150 cheminots rencontrent les usagers.

Rennes: 250 cheminots interpellent le préfet.

Nantes : 50 cheminots rassemblés lors d’un pique- nique revendicatif.

Lille : 350 cheminots rassemblés devant la préfecture.

Secteurs Parisiens : 4 000 manifestants dans un rassemblement unitaire.

Strasbourg : 90 cheminots dans une opération péage gratuit.

Longuyon : 80 cheminots au piquet de grève RVB.

Reims : 80 cheminots dans une opération péage gratuit.

Dijon : 170 cheminots rassemblés devant la direction Réseau.

Limoges : 430 cheminots rassemblés devant la préfecture.

Moulins s/Allier: 50 cheminots devant la préfecture.

Clermont-Ferrand : 250 cheminots rassemblés devant la préfecture.

Vierzon : 200 cheminots accueillent le 1er Ministre.

Dax : rassemblement de 408 cheminots.

Toulouse : 200 cheminots interpellent le préfet.

Montpellier : 1 500 cheminots lors d’une manifestation unitaire.

Lyon : manifestation interpro 1100 participants dont 700 cheminots.

Alpes : 300 cheminots rassemblés devant la direction régionale.

Nice : 400 cheminots interpellent le préfet.

Prochain préavis unitaire du 07 Mai 20h00 au 10 Mai 07h55.En route vers la 8ème séquence !