Corée : lettre de protestation de la CGT

Ms Park Geun-hye, Présidente de la République de Corée Blue House Séoul Corée

Montreuil, le 3 décembre 2015

Objet: Respect de la liberté de réunion pacifique et d'association en Corée

Madame la Présidente Park,

Au nom de la Confédération Générale du Travail (CGT), je vous demande de cesser immédiatement le grave harcèlement exercé à l'encontre de la Confédération coréenne des syndicats (KCTU) et de ses organisations affiliées et vous presse de garantir les droits à la liberté d'association et de réunion pacifique dans votre pays.

Je suis avec une grande attention la situation en Corée du Sud et je suis choqué par la gravité croissante de la répression contre les syndicats y compris les multiples raids contre les sièges syndicaux, les enquêtes policières, arrestations et emprisonnement de dirigeants et militants syndicaux. Par ailleurs, je suis particulièrement inquiet du fait que la police semble avoir prévu d'arrêter Han Sang-gyun, Président de la KCTU, à cause de son rôle dans l'organisation des grèves et manifestations contre la réformes régressive de la législation du travail proposé par votre gouvernement. Des dizaines de militants et dirigeants syndicaux sont déjà détenus sans cause réelle.

Les réformes de la législation du travail que votre gouvernement prépare aura pour résultat une diminution du paiement des heures supplémentaires et des salaires pour les travailleurs ayant le plus d'ancienneté. Elles faciliteront le licenciement des travailleurs pour les employeurs, favoriseront le développement de l'intérim dans des secteurs où il est actuellement interdit et affaibliront la protection des travailleurs de la sous-traitance. Elles visent même à restreindre la capacité des syndicats à intervenir quand les employeurs adoptent des changements dans les règles sur le lieu de travail au détriment des travailleurs. Ces réformes s'appuient sur la conviction de votre gouvernement que la protection des travailleurs est trop élevée et qu'elle représente une barrière à la création d'emplois. Pourtant, l'OCDE a placé la protection des travailleurs en Corée du sud parmi les plus faibles des pays de l'OCDE.

La CGT dénonce l'interdiction de la 2ème mobilisation de masse des travailleurs prévue pour le 5 décembre. Selon nous, la Constitution de la Corée du sud ne donne pas à la police le pouvoir d'interdire des manifestations. Nous sommes également très choqués que vous aillez assimiler les manifestants à l'État Islamique et que le parti au pouvoir ait introduit une loi rendant illégal de se couvrir le visage pendant une manifestation. Le Ministre de la justice a déjà annoncé une augmentation des amendes existantes avant même l'adoption de la loi. Nous comprenons que la police a publié des convocations judiciaires contre des centaines de manifestants et menacé de lancer des mandats d'arrêt à l'encontre de ceux qui ne se présenteraient pas avant le 5 décembre. Nous ne pouvons qu'en conclure que toutes ces mesures visent à décourager les syndiqués et le public à participer à la Mobilisation populaire de masse du 5 décembre et à la grève générale à l'appel de la KCTU prévue pour une date ultérieure en décembre. Nous soutenons la décision des syndicats et des mouvements sociaux de ne pas se laisser intimider et de maintenir la Mobilisation de masse du 5 décembre.

La CGT vous demande de lever toutes les charges contre Han Sang-gyun, Président de la KCTU. Tous les syndicalistes emprisonnés doivent être relâchés et les charges pesant contre eux levées. Tous les mandats d'arrêts à l'encontre de tous les autres dirigeants syndicaux doivent être immédiatement levés. De plus, nous vous demandons de garantir le droit d'assemblée pacifique en particulier pour la 2ème Mobilisation populaire de masse du 5 décembre prochain. Enfin, nous vous demandons de retirer les réformes régressives de la législation du travail.

Veuillez croire, Madame la Présidente, en notre profond respect.

Philippe MARTINEZ Secrétaire général de la CGT