À Issoire, le personnel de la clinique Les Sorbiers tire la sonnette d’alarme

Depuis près de 2 mois, les salarié-e-s de la Clinique Les Sorbiers à Issoire sont toujours en grève pour leurs conditions de travail et leurs salaires. Retrouvez leur tract et la pétition de soutien.

Article de La Montagne, publié le 03/04/2018

La clinique Les Sorbiers compte 51 équivalent temps plein en CDI : infirmiers, aide-soignant, ASH, cuisinier, personnel administratif…

« Un dialogue constructif ». Voilà ce qu’attendent les salariés de la clinique Les Sorbiers, à Issoire, qui ont observé plusieurs débrayages ces dernières semaines.

Les mines sont fatiguées. Mais la volonté reste forte. « Nous souhaitons simplement un dialogue constructif avec la direction et des conditions de travail décentes. » Aujourd'hui, les salariés de la clinique Les Sorbiers, à Issoire, estiment n'avoir ni l'un ni l'autre.

Perte de primes

L'établissement a été racheté le 1 er janvier 2016 par le groupe Orpéa Clinéa. « Les us et coutumes ainsi que les accords d'entreprise ont alors été dénoncés, resitue Jacques Cocheux, secrétaire de la branche santé de la CGT Puy-de-Dôme. La prime d'assiduité a été supprimée, tout comme le revenu annuel garanti. Cela fait presque 1.300 euros ! Sauf que les salariés n'ont pas forcément été au courant de cette dénonciation. Cela s'est vu beaucoup plus tard, sur la paye de novembre 2017. » Le personnel décide alors de s'organiser, avec l'appui de la CGT. Après des mails adressés à la direction et restés sans réponse, une partie d'entre eux décide de débrayer le 9 février dernier. Puis réitère le mouvement à trois reprises en mars, distribuant même des tracts sur le marché issoirien. « Mais cela n'a rien fait. Nous sommes face à des blocs de pierre », regrette Jacques Cocheux.

Des élections professionnelles doivent se tenir le 17 avril. Le personnel espère qu'une fois les représentants des salariés élus, les négociations pourront débuter. « C'est une grève au long cours », reconnaît Jacques Cocheux. « Heureusement, nous sommes très soudés, précise un agent des services hospitaliers. Dès que l'un de nous flanche, nous sommes là ». « Mais jusqu'à quand ? », s'interroge Caroline, infirmière.

Contactée, la direction n'a pas donné suite.

« Nous n’avons jamais le temps de faire de pauses »

« Avant, quand on parlait, la direction prenait le temps de nous écouter. Ce n'est plus le cas. »

Lucette, 59 ans, est employée de restauration. 16 ans d'ancienneté, 1.230 euros par mois. « Avec les primes ! » Tout comme une autre salariée, agent de service hospitalier (ASH), elle a vu la différence depuis le rachat par le groupe Orpéa Clinéa. « Tous les acquis que nous avions, nous les avons perdus. » Et de préciser ses conditions de travail : « Je n'ai jamais le temps de prendre de pauses. Le week-end, je fais même plus d'heures ! On me répond que je n'arrive pas à m'organiser. »

Pour l'ASH, « avant, nous avions des tâches plus ciblées. Et on faisait juste le ménage. Maintenant, nous devons aussi servir en salle. Nous avons plus de travail avec une personne en moins. Et zéro reconnaissance. »

Juliette, 46 ans, et Caroline, 35 ans, respectivement aide-soignante et infirmière, ont été embauchées en 2015. Le binôme, payé 1.280 et 1.640 euros, avoue ne jamais arriver à prendre entièrement ses pauses.

« Nous sommes présentes 12 heures et payées 10 heures ! Nous avons des horaires de pause à respecter mais ce n'est pas possible. On ne peut pas dire au patient ou au médecin, à 9 h 30, "stop, on s'en va". Nous aimerions prendre plus de temps avec les patients, notamment quand on fait les douches. Ce ne sont pas des carreaux qu'on lave. Ce sont des êtres humains ! »